Le B.A.-BA du bon starter (et de tout ‘bon’ entrepreneur)
Créez qu’ils disaient. Lancez-vous ! Osez ! Soyez créatifs et dessinez votre avenir… Waouh, c’est tentant, non ? C’est engageant, bien sûr, mais beaucoup de ‘jeunes’ créateurs ne voient pas trop comment s’y prendre pour bien faire. Comment ne pas se tromper ? C’est un beau défi que de rassembler toutes les pièces du puzzle pour se lancer avec toutes les chances de succès…
Car, oui, les exemples de réussite sont légion. Oui, les créateurs à succès ça existe… mais on ne crée pas une boîte n’importe comment ! Tous les projets ne suivent pas non plus une trajectoire de croissance, tous les produits n’ont pas le même succès, tous les starters ne réussissent pas nécessairement dans leur entreprise. Créer sa boîte est une belle aventure, mais il ne faut pas que le scénario se transforme en cauchemar. Les boules de cristal n’existent pas (ou, du moins, on ne peut s’y fier à 100%), mais beaucoup de choses peuvent tout de même être prévues à l’avance. Certes, les prévisions ne se réaliseront jamais au cent près (vous serez toujours au-dessus, ou en dessous) mais elles ont le mérite d’étudier la faisabilité d’un projet et permettent aussi d’avoir de premiers indicateurs pour se fixer les objectifs à atteindre (en terme de chiffre d’affaires notamment). Allez, maintenant, à vos calculettes…
Tuyaux pour créateur en herbe…
Bon, tout le monde sera toujours bien d’accord pour dire que le but d’une entreprise, quelle qu’elle soit, est au moins d’assurer sa rentabilité. Ça peut faire sourire, de prime abord, mais sachez que ce n’est pas nécessairement clair et limpide dans l’esprit de tout le monde. Certains rêveurs parlent par exemple de passion, d’envie d’essayer. Autant dire que sans objectif(s) concret(s) de rentabilité, mieux vaut ne pas se lancer et garder sa passion comme hobby. Dans l’hypothèse où cette notion est peu claire, une bonne façon d’appréhender la réalité consiste souvent à faire le saut en activité complémentaire, le soir ou le week-end, histoire de tester le projet, de se tester soi-même, bref de ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier tout de suite. Sauf qu’il faut quand même maîtriser un minimum de choses pour réussir. Une question régulièrement posée aux starters touche pourtant au fameux seuil de rentabilité qui devrait être connu. Mais savent-ils tous de quoi il s’agit ? Souvent, les ‘jeunes’ entrepreneurs (au sens nouveau du terme, ndlr) ne savent pas davantage combien d’unités – par an, par mois, par jour, par heure – ils vont devoir produire et vendre pour gagner leur vie ou simplement joindre les deux bouts. En allant plus loin, connaissent-ils le chiffre d’affaires à atteindre pour faire ‘bouf’, savent-ils dès lors quand ils commenceront à gagner de l’argent ?
Rentabilité ?!
Au fait, qu’est-ce que la rentabilité ? Les économistes expliquent que c’est la capacité à générer de la valeur ajoutée au départ d’une activité. Nous dirons quant à nous que la rentabilité n’est en fait rien d’autre que le rapport entre le revenu obtenu et les ressources employées pour l’obtenir. Peu ou prou, on parle bien du rapport entre ressources affectées et revenus obtenus grâce à ces ressources. En l’espèce, la question sous-jacente est de savoir quand les revenus obtenus dépassent les ressources affectées ! Ben oui… C’est à ce moment justement qu’apparaît la notion de seuil de rentabilité. Quel seuil minimum de ventes faut-il donc réaliser pour survivre ? Quel montant de ventes permet de couvrir l’ensemble des charges de l’activité ? Combien d’unités doit-on vendre pour couvrir tous les frais fixes ? Quelle est la quantité minimum qu’une entreprise doit écouler pour au moins atteindre une marge nette égale à zéro ? Quid du panier moyen à vendre ?… Vous l’aurez compris, la réalité des chiffres – et donc la survie même du projet ! – dépasse à ce moment précis des états d’âme et des sentiments, comme l’engouement, la passion ou l’engagement. Là, on est dans la réalité des faits et des chiffres. Dans les démarches de création, notez toujours que ce calcul de rentabilité, a priori généré sur base de vos prévisions, est primordial pour étudier la faisabilité du projet, mais également pour fixer vos objectifs de vente et voir où vous allez… ce sera le premier indicateur de votre tableau de bord.
Calculer son seuil de rentabilité en quatre étapes !
Nous vous proposons donc de calculer votre seuil de rentabilité en passant par quatre étapes majeures : on y parle de charges, de marge et de coûts variables.
1. Détermination des charges fixes et variables (en tenant compte des amortissements)
Les charges fixes (loyers, frais de personnel…), comme leur nom l’indique, ne varient évidemment pas au gré des fluctuations du chiffre d’affaires, au contraire des charges variables (marchandises, frais de livraison…) qui, elles, fluctuent au gré du CA.
2. Calcul de la marge sur coût variable
Celle-ci correspond au prix de vente unitaire – la charge variable unitaire.
3. Calcul du taux de la marge sur coût variable
Pour le calculer, on divise la marge sur coût variable par le prix de vente unitaire.
4. Calcul du seuil de rentabilité
Le seuil de rentabilité se calcule en divisant les charges fixes par le taux de marge sur coût variable.
Passons maintenant à des chiffres qui doivent vous parler…
Pour expliquer ces notions par la réalité d’une situation, nous allons prendre un exemple très simple et refaire, chiffres à l’appui, tout le calcul évoqué ci-dessus…
Prix de vente unitaire de votre produit = 10 euros
Charges variables unitaires = 4 euros
Charges fixes annuelles = 17.000 euros
Marge sur coût variable = 10 – 4 = 6
Taux de marge = 6/10 = 0,6
Seuil de rentabilité = 17.000/0,6 = 28.333 euros
Il résulte de ce calcul, tout simple, que vous devrez vendre pour 28.233 euros au sein de votre structure avant d’engranger le premier cent. Ça, avouez-le, c’est d’emblée (très) parlant. En effet, cela sous-entend qu’en-dessous de ce chiffre, vous ne rentrez pas suffisamment d’argent (élément factuel s’il en est) que pour simplement supporter les coûts fixes de votre structure. En d’autres termes, sous la barre évoquée, et malgré le fait que vous vendiez, que le client soit là et que l’activité tourne… vous faites bel et bien des pertes ! C’est d’ailleurs encore plus flagrant si vous décomposez les chiffres pour les ramener à des réalités plus proches encore, qu’elles soient mensuelles, hebdomadaires ou quotidiennes. Dans le cas qui nous occupe, 28.333 euros divisés par 10 (prix de vente unitaire), cela donne 2.833,3 unités annuelles, soit 236 unités/ mois, 59/semaine et 11,8/jour (5 jours par semaine). C’est certes un calcul simpliste, mais qui étonne souvent le starter qui se focalise sur une rentabilité annuelle estimée au gré des chiffres enregistrés globalement, c’est-à-dire le week-end dans l’horeca, au moment des fêtes dans les cadeaux et jouets, mais qui ne tiennent pas nécessairement compte des fluctuations de l’activité au gré des saisons, par exemple. Cette vision ramène souvent les rêveurs sur le plancher des vaches, car une fois dans le bain il faut nager, même à contre-courant. Pensez-y, et dites-vous toujours que les conseillers de la Chambre de commerce, particulièrement ceux qui s’occupent de création sur ce sujet précis, sont à votre disposition pour vous aider à y voir plus clair et étudier (ou évaluer) avec vous votre projet.