La Wallonie aurait besoin d’un pacte sociétal et prospectif , ou plus simplement le Waldeal, impliquant les formations politiques démocratiques qui le souhaitent, les partenaires sociaux, les universités et autres opérateurs de l’éducation et de la recherche, la société civile et le monde associatif.
Sortons tout d’abord du manichéisme ou du dualisme conflictualisé entre patrons et travailleurs: défendre les entreprises, c’est bien sûr défendre aussi ceux qui y travaillent et y travailleront. Tout comme ce que l’on appelle improprement les » cadeaux aux entreprises » vise à résorber une partie de l’écart de compétitivité (par exemple en coûts salariaux globaux et coûts énergétiques) qui peut les pénaliser vis-à-vis notamment de leurs principaux concurrents et voisins.
Bref, les entreprises auront apprécié que, dans son discours sur l’état de la Wallonie, le Ministre-Président Willy Borsus ait non seulement dressé un tableau objectif de la situation de la Région et affirmé son ambition (un socle solide, un cadre et une rénovation des outils), mais aussi lancé un appel aux Wallonnes et aux Wallons pour qu’ils construisent un projet.
Et pourquoi pas un grand projet collectif qui énumérerait des objectifs à atteindre et des principes à respecter ensemble sur une période suffisamment longue?
Un grand projet qui énumérerait des objectifs à atteindre et des principes à respecter ensemble (par les gouvernements aussi) sur une période suffisamment longue (10 – 20 ans et plus si possible). C’est ce que l’on pourrait appeler le pacte sociétal et prospectif wallon, ou plus simplement le Waldeal, impliquant les formations politiques démocratiques qui le souhaitent, les partenaires sociaux, les universités et autres opérateurs de l’éducation et de la recherche, la société civile et le monde associatif…
Cette façon de se préoccuper de la Wallonie présente plusieurs avantages:
– elle démontre la maturité d’une Région dont la cohésion induit la cohérence et valorise la capacité de consensus
– vis-à-vis notamment des investisseurs, elle concrétise et donne du sens à trois principes pas fort éloignés l’un de l’autre, la capacité d’anticipation, la prédictibilité et la continuité
– parce qu’on doit en faire une balise, le résultat constitue un engagement réel vers une croissance inclusive (veiller à ce que l’indispensable développement économique par les entreprises puisse s’accompagner d’une réduction de la pauvreté)
– il devrait en être de même pour le concept de développement durable qui, pour prendre un exemple, ne signifie pas (bien au contraire) un frein à la croissance de nos aéroports régionaux, mais constitue une garantie d’ancrage régional et de longévité de nos entreprises
– un tel processus ne pourra que rendre la Wallonie plus attractive, à commencer par le climat de paix sociale qu’elle diffuserait et projetterait. Toutefois, attention! Il faut des années pour bâtir une réputation positive et quelques heures pour la défaire…
– on ne pourra ignorer l’avantage incontestable que représente pour la Wallonie sa diversité, notamment source de créativité tout comme d’internationalisation positive. Cette nécessité existentielle de la diversité appelle une politique active d’intégration et non d’assimilation.
La Wallonie ne peut pas être une île ou se confiner dans une forteresse autarcique, elle est aussi belge et européenne. Belge dans le cadre d’un État fédéral dont le rôle n’est pas d’assister, en spectateur distrait, au creusement des inégalités territoriales en son sein. L’investissement public fédéral a, en la matière, un rôle de levier et de référence, qu’il s’agisse de la défense (renouvellement des F16, frégates, etc) ou du transport public (RER, sortie de la Wallonie de son statut de cul-de-sac hors grands axes internationaux). La Wallonie est aussi européenne: autant elle veille à renforcer cette grande œuvre qui équilibre et fait progresser le monde, autant elle est en droit d’attendre un soutien de l’Union à son développement (fonds structurels, recherche, politique industrielle…).
En écrivant ces lignes, je n’ai pas l’impression de rêver, mais de décrire le possible. On ne peut que renforcer l’appropriation de ce Waldeal par les Wallonnes et les Wallons en dotant sa préparation et sa mise en œuvre de panels citoyens. En complétant ainsi la dimension de démocratie participative de ce projet qui doit nous tenter, toutes et tous.