S’ils savent que le verre est déjà au moins à moitié plein, les Wallonnes et les Wallons déploient de plus en plus leur créativité et des partenariats conviviaux pour remplir le reste. Explications par Philippe Suinen, Président de la CCI Wallonie (Chambre Wallonne de Commerce et d’Industrie).
En tant que Région européenne, la Wallonie a tout d’une grande. Elle est d’abord superbement située, au cœur du triangle lourd de l’Europe et à 5 heures de route maximum de 300 millions de consommateurs. On compte parmi ses nombreux atouts la productivité largement supérieure à la moyenne européenne, la qualité des universités et centres de recherche (plus de 13.000 chercheurs et historiquement 7 Prix Nobel), l’orientation vers l’exportation (2/3 du chiffre d’affaires des entreprises). Sans oublier une fiscalité favorable à l’innovation et à la recherche dans les entreprises ainsi que plus largement, la réduction décidée du taux de l’impôt des sociétés. Il y a accueil et place pour investir en Wallonie, région hyper-proche de Bruxelles. Il y a aussi une grande capacité d’encadrement et d’appui à la création et au développement d’entreprises. Les Chambres de Commerce et d’Industrie de Wallonie (Luxembourg Belge, Liège Verviers Namur, Brabant Wallon, Hainaut et Wallonie Picarde) s’inscrivent pleinement dans cette dynamique.
Cette capacité partenariale est aussi illustrée par les pôles de compétitivité wallons, de niveau d’excellence mondiale, constitutifs de triangles vertueux entreprises (PME comprises) – opérateurs de recherche – opérateurs d’éducation et de formation : aéronautique et spatial, agro-industrie, chimie et construction durables, technologies environnementales, ingénierie mécanique, sciences du vivant, transport et logistique.
Après cette énumération non exhaustive, la question qui se pose est : que manque-t-il encore à la Wallonie pour obtenir des résultats, notamment en matière d’emploi, conformes à ses capacités ? La réponse passe par une pédagogie de l’entreprise, une dimension internationale plus forte et un consensus prospectif.
Pédagogie de l’entreprise
Mieux considérer l’entreprise, c’est faire en sorte que la Wallonie aille mieux. Cette considération passe par l’amélioration de la compétitivité, aux niveaux notamment du coût de l’énergie, mais aussi en termes de simplification administrative, avec la revendication forte de la CCI Wallonie « + 1 formulaire = – 2 formulaires ». Et cela même si des progrès ont pu être constatés. Une meilleure considération passe par une véritable pédagogie de l’entreprise, afin que le rôle, l’importance et les enjeux de celle-ci soient correctement perçus. Cela passe par les médias, l’école et les opérateurs de formation professionnelle. Et qui comprend bien l’entreprise peut réduire sensiblement l’inadéquation entre l’offre et la demande d’emploi.
Une dimension internationale plus forte
Les aides aux entreprises ne sont pas destinées à les aider à rester petites. On sait qu’entreprendre n’est pas un acte confortable, mais en tout cas exaltant. Les entreprises wallonnes devraient pouvoir rentrer plus facilement dans cette logique naturelle de progression et de croissance. Autre intérêt, le lien entre grandir et exporter plus et mieux : du vrai gagnant- gagnant en faveur de l’activité et de l’emploi.
Un consensus prospectif
La Wallonie a besoin de toutes ses parties prenantes pour valoriser ses atouts et se développer sur base de leurs engagements complémentaires, notamment de paix sociale. Il peut paraître audacieux, mais pas irréaliste, de souhaiter, sur base d’une intelligence stratégique cultivée en commun, de se donner une vision partenariale programmatique à moyen et long terme et un pacte wallon pour une trajectoire de développement : plus de grandes entreprises dans une grande région et aussi plus de PME en croissance.