Prenez un vinyle, déposez-le sur une platine… vous verrez !
La pandémie qui s’est abattue sur le monde, il y a tout juste un an, n’a pas fini de faire couler de l’encre. Assassine, elle a tué vite d’abord, lentement ensuite. Car le Covid a ceci d’insidieux qu’il tue aussi moralement avec le temps. Et le confinement, censé nous protéger, laisse aujourd’hui le monde très très affaibli, tant économiquement que moralement d’ailleurs. Certes, en mars-avril-mai 2020, le premier lockdown fut un arrêt inédit des activités, une sorte de bulle protectrice et bienveillante, quasi un acte solidaire consenti, et plutôt majoritairement bien vécu. Mais le second confinement s’est révélé, lui, bien plus difficile à accepter, et surtout à vivre….
Alors, comment tenir moralement dans la durée, sauvegarder son énergie et son optimisme pour encourager ses collaborateurs, ses amis et ses enfants… Comment les aider à ne pas vaciller ou carrément sombrer ? Ce que nous apprend le Covid est en fait une leçon universelle… qui nous rappelle qu’il faut avant tout pouvoir prendre soin de soi pour pouvoir bien prendre soin des autres ! La communauté des médecins et des psychologues vous le dira : s’octroyer des plaisirs simples, des moments pour soi – sans culpabilité ! – est une démarche primordiale pour sauvegarder sa santé mentale. Certains se sont ainsi découvert des moments de joie et de ressourcement dans la marche, la course à pied, la lecture, l’art ou la peinture, et d’autres encore, dans le silence et la contemplation… Et puis, d’aucuns ont découvert ou replongé dans la musique, une musique qui est sans doute quelque part un vrai antidote contre bien des maux.
La musique nous aide…
Ah, la musique… Vous savez, celle qui vous accompagne quand les choses roulent, celle qui vous réconforte quand ça ne va pas, celle que vous associez à votre jeunesse, à vos premières amours, à vos virées entre amis, aux moments de pause pendant les examens, à votre mariage, l’enterrement d’un proche… Oui, la musique est associée à nos vies, à nos drames, à nos plaisirs. On lui attribue même de vraies vertus. Comme l’explique Christine Thioux, Licenciée en psychologie clinique, systémicienne (CFTF) et coach (Cfip), administrateur-directeur d’A-th, cabinet pluridisciplinaire spécialisé en ressources humaines, « Peut-être êtes-vous, tout comme moi, de ceux dont la vie se déroule inlassablement en musique ? Dont chaque événement, important ou anodin, privé ou professionnel, fait surgir une mélodie, un air ancré à jamais dans la mémoire ? Quelle est cette douce accompagnatrice si spontanément présente à chaque moment de nos vies ? Complice intime de nos tendresses (Bridge over Troubled Water, Simon & Garfunkel), de nos victoires (The Resistance Tour, Muse) ou de nos révoltes et de nos rages (Wrong, Depêche Mode), la loi de l’impermanence des choses ne semble pas l’atteindre. Cette amie est d’une fidélité sans faille. Certaines musiques arrêtent même le temps. Elles vous irradient d’une onde frissonnante et immédiate. La musique a cette vertu mystérieuse et déconcertante d’allier, dans un même instant furtif, notre plus grande force à notre plus grande vulnérabilité. Dès lors, elle nous aide… »
La musique est mémoire et révolution !
D’aussi loin qu’on s’en souvienne, et même avant, la musique fait partie de nos vies, de nos histoires. « Elle est d’abord voix lointaine et apaisante d’un parent dans nos songes de nourrisson. Mais elle est aussi souvenir(s) d’enfance et mémoire de transmission : les vieux airs de nos grands-parents (Gloria Lasso, Brel et Piaf) ; les hits de nos parents (des Beatles, aux Bee Gees, à Abba, Michel Sardou, Aznavour ou Johnny Hallyday…) », ajoute Christine Thioux. Et puis, c’est nous qui prenons le relais, avec notre volonté d’indépendance, nos goûts, notre besoin d’affirmation et de contradiction. « La musique est aussi adolescente et rebelle, quand nous sortons de l’enfance… ». Nos décennies avancent, marquées de leur empreinte musicale propre, innovante, parfois révolutionnaire et souvent outrageuse pour les générations qui précèdent : les ‘sixties’ (les yéyés, Salut les copains), les ‘seventies’ (la disco), les ‘eighties’ (la New Wave), les ‘nineties’ (l’électro), les années 2000 (le Rap et la Trance). La musique, à en croire cette psychologue clinicienne, est donc recueillement et sagesse. Elle est aussi parfois silence…
La musique guérit, elle est catharsis des émotions
Mais la musique est également un vrai remède contre les douleurs. D’aucuns lui attribuent les vertus d’un vrai médicament, assurant qu’elle guérit. « Pourquoi soignons-nous nos tristesses par des chansons infiniment tristes ? Quel est cet incompressible besoin d’écouter des mélodies au ton mineur lorsque le moral aurait besoin d’un air enjoué ? N’est-il pas le même que celui d’écouter de la musique trash des individus en rébellion ? Ou que celui d’un dégagement d’énergie exponentielle sur un set de Markus Shultz ou d’Armin Van Buuren ? », précise notre psychologue. En fait, la musique exacerbe, elle intensifie jusqu’au point de basculement ultime de l’émotion vécue. L’intellect s’efface pour laisser place aux viscères. « Ecoutez Morricone, Hans Zimmer, Chopin, Rachmaninov ou le joyau ,Shine on you crasy diamond, de Pink Floyd et rien ne sert plus de comprendre… juste fermez les yeux et écoutez. La musique est extase, émerveillement, elle purge notre âme pour mieux la libérer. »
La musique est voyage, elle est langage universel !
Au-delà, elle est également propice aux évasions, notamment vers d’autres univers. « Si je ne peux voyager réellement, je peux rêver de ces contrées lointaines et de leurs musiques, ou simplement rester dans mon salon à écouter ce que l’instant m’inspire », analyse Christine Thioux. « Qu’elle soit d’ici et/ou d’ailleurs, d’un lointain passé ou du présent… la musique unit, elle est désir sublimé des Hommes, de toutes les ethnies, de tous les rangs, de tous les âges… » Pas faux, n’est-ce pas ? N’avez-vous par exemple jamais vécu cette connexion immédiate avec une personne que vous découvrez aimer la même musique que vous ? Tout comme ce CEO, fan de Metallica, partageant le même concert que l’un de ses opérateurs, et qui créera du lien, le lendemain, sur des souvenirs communs.
La musique est apprentissage et discipline
Mais la musique n’est pas qu’écoute, elle est aussi apprentissage, découverte tactile. Un confinement est peut-être aussi l’occasion d’apprendre un instrument. Comprendre le langage des portées, les déchiffrer, délier ses doigts et s’expérimenter sur un clavier, sur des cuivres ou des cordes… Apprendre, répéter, et répéter encore, ne rien lâcher jusqu’à ce que la première mélodie survienne et la fierté du musicien en herbe avec elle. C’est beau aussi, la musique, quand elle sort de vos doigts, de votre volonté, de votre émotion…
La musique est thérapie
Et cette émotion peut être tellement forte qu’elle peut se muer en thérapie, parfois. En cas d’angoisse, de troubles du sommeil, de troubles de l’humeur, de déprime passagère et autres formes de douleurs… la musicothérapie, comme médecine douce, a fait ses preuves en termes d’impact positif sur le moral. La musique, les sons et les rythmes, sources d’endorphine, deviennent de vrais outils thérapeutiques qui calment et améliorent les états anxieux ou dépressifs. Ah, la musique. Ah, cette musique…
Texte co-écrit par Valentin Tinclère et Christine Thioux, Directrice de A-Th, & Associates Cabinet conseil en Ressources Humaines, Coaching et Outplacement